INDICATIONS DE LA THERAPIE EMDR
LA THERAPIE EMDR EST INDIQUEE DANS LES TYPES DE TROUBLES SUIVANTS
TROUBLES DE L'ADAPTATION
Ce sont des événements de la vie comme un divorce, un deuil, un échec professionnel ou sentimental, des difficultés relationnelles ou financières qui perturbent suffisamment l'équilibre antérieur pour que la personne ne puisse plus faire face, car elle ne possède pas (ou croit ne pas posséder) les ressources suffisantes pour s'ajuster à ce changement dans sa vie.
Le DSM 5 définit les troubles de l'adaptation comme un ensemble d'émotions, de croyances ou de comportements qui perturbent l'équilibre habituel de la personne, et qui apparaissent dans les mois qui suivent l'exposition à un ou plusieurs facteurs de stress identifiables par le patient.
La souffrance manifestée par le patient paraît alors disproportionnée par rapport au stress subi, compte tenu du contexte externe et culturel.
Par exemple, si je ne me remets pas du décès de ma mère ou de mon père, au point que plusieurs années après la perte, je sois encore submergé de chagrin ou de culpablité comme si l'événement venait de se produire, je suis atteint d'un trouble de l'adaptation.
TROUBLES DE STRESS POST TRAUMATIQUE (TSPT)
On reconnaît un trouble de stress post traumatique aux critères suivants (source : DSM 5)
Critère A : Exposition à la mort ou à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles, soit en étant soi-même directement exposé, soit en étant le témoin direct de ces traumatismes, soit en apprenant qu'un ou plusieurs événements traumatiques sont arrivés à un membre de la famille proche ou à un proche, soit en étant exposé de manière répétée ou extrême (personnels soignants ou secouristes ou forces de l'ordre rassemblant des restes humains, recuillant des faits explicites d'abus sexuels sur des enfants, prenant en charge des victimes de torture ou de mauvais traitements répétés, etc ...).
Critère B : Présence de symptômes envahissants, sous une des formes suivantes :
- souvenirs répétitifs et involontaires des événements traumatisants provoquant angoisse et détresse
- rêves répétitifs provoquant un sentiment de détresse, dont le contenu est en lien avec le trauma
- réactions dissociatives, comme des flashbacks, comme si l'événement allait se reproduire
- sentiment intense ou prolongé de détresse psychique par exposition à des stimuli (ext. ou int.)
- réactions physiologiques pouvant évoquer l'événement traumatique
Critère C : Evitement persistant des stimuli associés à un ou plusieurs événements traumatiques :
- évitement ou efforts pour éviter les souvenirs
- évitement ou efforts pour éviter les rappels externes (personnes, endroits, activités, objets, situations)
Critère D : Altérations négatives des cognitions et de l'humeur associées à au moins deux éléments suivants :
- incapacité à se rappeler un aspect important du trauma
- croyances ou attentes négatives persistantes et exagérées de soi-même ou des autres
- croyances erronées à propos de la cause ou des conséquences du trauma
- état émotionnel négatif persistant (crainte, horreur, colère, honte, culpabilité, dégoût, etc...)
- réduction nette de l'intérêt pour des activités importantes
- sentiment de détachement d'autrui, de devenir étranger par rapport aux autres
- incapacité persistante d'éprouver des émotions positives (bonheur, satisfaction, affection, amour)
Critère E : Altérations persistantes d'activation neurovégétative, avec au moins 2 des manifestations suivantes :
- comportement irritable, accès de colère avec agressivité verbale ou physique
- comportement irréfléchi ou autodestructeur (conduite, consommations, automutilations)
- hypervigilance
- réactions de sursaut exagérées
- problèmes de concentration
- perturbations du sommeil
Critère F : La durée de la perturbation (critères B, C, D et E) est supérieure à 1 mois
Critère G : La perturbation entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement dans les domaines sociaux, professionnels ou d'autres domaines importants de la vie.
Critère H : La perturbation n'est pas imputable aux effets physiologiques d'une substance (alcool, drogues, médicaments) ou d'une autre atteinte médicale.
Ces critères s'appliquent aux patients âgés de 6 ans et plus. Il existe d'autres critères spécifiques pour les enfants plus jeunes.
Ces critères peuvent être accompagnés des manifestations de sévérité suivants :
- Avec symptômes dissociatifs : dépersonnalisation, déréalisation
- Avec expression retardée (si les critères diagnostiques ne sont remplis que 6 mois après le trauma)
TROUBLES DE STRESS POST TRAUMATIQUE COMPLEXES (TSPT-C)
Le TSPT-C peut se développer "après l'exposition à un événement ou une série d'événements de nature extrême et prolongée ou répétitive, vécue comme extrêmement menaçante ou terrifiante, et à laquelle échapper est difficile ou impossible". (classification OMS - CIM-11)
La CIM-11 (Classification Internationale des Maladies, 11ème édition) donne des exemples concrets de ce genre de situations :
- torture
- esclavage
- génocide
- violence domestique prolongée
- violence sexuelle ou physique répétée pendant l'enfance
Le sujet doit avoir présenté les symptômes du TSPT (simple) à un moment ou à un autre du développement du trouble, mais il n'y a pas de limite temporelle.
Une personne peut avoir présenté un TSPT complet quand elle était enfant, et en tant qu'adulte présenter seulement quelques symptômes, insuffisants pour diagnostiquer un TSPT-C.
Le psychothérapeute doit donc pouvoir reconnaître dans l'histoire du patient de possibles symptômes d'état de stress post-traumatique pendant l'enfance.
En complément aux critères du TSPT, la CIM-11 propose de retenir les symptômes suivants :
Critère 1 : Problèmes sévères et persistants dans la régulation des affects, de l'humeur :
- dérégulation chronique des affects
- sentiments incontrôlables de rage, de colère ou de tristesse
- automutilations, alimentation compulsive, drogues (y compris cannabis), abus d'alcool
- préoccupation suicidaire
- difficulté à moduler l'engagement sexuel
- prise de risque exagérée
Critère 2 : Croyances persistantes que l'on est diminué, en échec, sans valeur, accompagnées par des sentiments profonds et persistants de honte, de culpabilité ou d'échec en lien avec le stresseur :
- sentiment d'inefficacité et d'impuissance
- sentiment chronique de culpabilité
- sentiment de honte
- sentiment d'être incompris
- minimisation
- désespoir et impuissance
- perte de croyances antérieurement aidantes et soutenantes
Critère 3 : Difficultés persistantes à développer des relations et à se sentir proche d'autrui :
- incapacité à faire confiance
- revictimisation (identification à la victime)
- victimisation d'autrui (identification à l'agresseur)
TROUBLES DISSOCIATIFS
Qu'est-ce que la dissociation ?
C'est la coupure de la personne de ses émotions, de ses sensations corporelles. Elle s'accompagne d'une hypoactivation neurologique par l'action du nerf vague dorsal. La personne éprouve un rétrécissement du champ de conscience. Le sujet dissocié est en contact avec une mémoire traumatique, il se trouve donc coupé de la réalité actuelle.
Enfin il peut exister une division du sujet en plusieurs parties.
La CIM-11 précise que les troubles dissociatifs peuvent revêtir les aspects suivants :
- amnésie dissociative
- fugue dissociative
- stupeur dissociative
- états de transe et de possession
- convulsions dissociatives
- anesthésie dissociative et atteintes sensorielles
- trouble dissociatif (de conversion, ou histrionique), sans précision
- syndrome de dépersonnalisation
- syndrome de déréalisation
TROUBLES DISSOCIATIFS DE L'IDENTITE
Le tableau clinique comporte les éléments suivants :
1. Perturbation de l'identité caractérisée par deux ou plusieurs identités ou états de personnalité distincts, ce qui peut être décrit dans certaines cultures comme une expérience de possession. (Le personnage de Gollum, dans Bilbo le Hobbit, donne un bon aperçu de deux états de personnalité distincts, coexistant chez le même individu).
La perturbation de l'identité implique une discontinuité marquée du sens de soi, accompagnée d'altérations de l'affect, du comportement, de la conscience, de la mémoire, de la perception, de la cognition et/ou du fonctionnement sensorimoteur.
2. Fréquents trous de mémoire dans le rappel d'événements quotidiens, d'informations personnelles importantes ou d'événements traumatiques qui ne peuvent pas être des oublis ordinaires.
3. Détresse cliniquement significative ou altération du fonctionnement social, professionnel, privé, etc...
4. Cet état ne fait pas partie d'une pratique culturelle ou religieuse largement admise.
5. Cet état n'est pas imputable aux effets physiologiques d'une substance ou d'une affection médicale générale (par exemple crises d'épilepsie partielles complexes).
Chez l'enfant, les symptômes ne peuvent pas être attribués à des jeux d'imagination ou à l'évocation de camarades imaginaires.
PATHOLOGIES TRAITEES AVEC SUCCES PAR L'EMDR
Depuis les premières études publiées par Francine Shapiro en 1989, l'EMDR est devenue au fil des années une psychothérapie de choix pour les Troubles de Stress Post Traumatique.
La thérapie EMDR s'est également développée, au-delà du traumatisme, dans le traitement de diverses pathologies et populations et peut être proposée aux patients concernés par :
- Phobies
- Trouble panique
- Trouble anxieux généralisé
- Dépression
- Troubles de l'attachement
- Troubles des conduites et de l'estime de soi
- Trouble dysmorphique (crainte d'être atteint d'une anormalité physique)
- Migraines / Maux de tête (après un bilan médical et neurologique)
- Symptômes physiques médicalement inexpliqués
- Addictions
- Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOCs)
- Deuil
- Dysfonctionnement sexuel
- Troubles psychotiques
- Douleurs chroniques
- Douleur des membres fantômes
- Trauma récent chez les enfants
Pour des informations plus détaillées sur l'EMDR, c'est ici :
Pour une présentation scientifique des mécanismes cérébraux impliqués dans l'EMDR, c'est là :