La supervision est un des éléments indispensables à la bonne pratique de l'activité du thérapeute. Les situations que rencontre un thérapeute avec ses patients l'amènent à questionner régulièrement sa posture professionnelle.
La supervision consiste à aider un thérapeute à mieux prendre en charge ses patients, en lui permettant de prendre du recul sur sa relation avec son patient. Elle sert notamment à faire le tri entre les problématiques personnelles du thérapeute et celles de son patient.
Elle permet au thérapeute d'améliorer sa manière de travailler avec son patient, notamment quand une situation de blocage se présente en thérapie, quand le patient n'a plus l'impression d'avancer comme il le devrait, quand le thérapeute rejoue inconsciemment des schémas comportementaux qui lui appartiennent et qui viennent polluer sa pratique clinique avec son patient. Elle est l'occasion, pour le thérapeute, d'éviter l'épuisement professionnel dans lequel il pourrait tomber, et entraîner aussi son patient.
Etant convaincu de son caractère indispensable, je bénéficie moi aussi d'une supervision régulière depuis le début de mon activité de thérapeute. Et cela sera ainsi jusqu'à ma retraite.
La supervision fait partie de la formation professionnelle continue indispensable au thérapeute pour se tenir informé des développements constants de son domaine d'activité. Le champ des neurosciences étant en développement permanent, cela doit inciter le professionnel à une mise à niveau régulière, pour le bénéfice de ses patients.
Je reçois des thérapeutes et des coachs pour des séances de supervision en individuel ou en petits groupes.
Mon approche, comme en thérapie, est là aussi globale. Je suis donc attentif à la relation thérapeute-patient que m'apporte le supervisé, mais aussi à son être-thérapeute et à son être-au-monde en général. Je lui indique notamment les situations où il doit retravailler telle ou telle problématique dans sa thérapie personnelle pour débloquer des impasses relationnelles avec son patient.
De façon assez similaire à la thérapie, je pratique une supervision où la co-construction prend toute sa place. En supervision de groupe, j'aime favoriser les interventions croisées entre les participants, pour que le supervisé bénéficie aussi du regard professionnel de ses collègues.
Je suis particulièrement attentif aux mécanismes d'isomorphisme (ce que les coachs appellent "processus parallèles"), c'est à dire les situations qui reproduisent, entre le thérapeute et son patient, ce que le patient vit entre lui-même et les personnes de son environnment.
Je propose volontiers des mises en situation (comme celle qui consiste à faire jouer au supervisé le rôle de son patient), ou des jeux de rôles qui donnent plus de vie à la supervision. Dans tous les cas, il ne s'agit que de propositions de travail de ma part, que le supervisé demeure totalement libre d'expérimenter ou non, en fonction de ce qu'il ressent dans l'ici et maintenant de la séance de supervision.
Comme pour la thérapie, le secret professionnel est évidemment exigé.
SUPERVISION DE PRACTICUM
Je propose également aux futurs thérapeutes en Gestalt, des supervisions de practicum. Ces expérimentations ont pour but de s'entraîner à la posture de thérapeute, entre collègues en formation. Je privilégie des petits groupes de 3 personnes : un "thérapeute", un "patient", et un "observateur". L'attention se porte sur la personne qui est "thérapeute". C'est elle qui bénéficiera des retours du collègue "observateur" et des remarques de son "patient". Mon rôle est de garantir le cadre éthique de l'expérimentation, d'intervenir en cas de difficulté du "thérapeute", de favoriser l'émergence et de soutenir la spécificité de "l'être-thérapeute".
Je questionne le processus, ainsi que les éventuels points de psychopathologie à éclaircir.
Les 3 participants se retrouvent à tour de rôle dans les trois rôles, chacun ayant ainsi lors de la séance de supervision de practicum, l'occasion d'expérimenter les trois points de vue.
Chaque séquence comporte 45 minutes de "thérapie" suivies de 15 minutes de retours pour le "thérapeute". A la fin des trois heures, une dernière séquence de 30 à 45 minutes permet des échanges croisés et de répondre aux éventuelles questions restantes. (Rassurez-vous, des pauses sont prévues !).
Je souligne, pour la personne qui occupe le rôle de "patient", la nécessité de travailler sur une problématique réelle de sa vie. Il ne s'agit pas de jouer un rôle mais de puiser dans ses expériences propres. Etant donné que le "patient" ne pourra bénéficier que d'une seule séance avec son "thérapeute", il faut être attentif à la problématique que l'on travaillera. Il est déconseillé d'amener dans cette séance isolée une problématique trop lourde, puisque qu'il n'y aura pas de suivi régulier, contrairement à ce qui se passe dans un cursus de thérapie.
Les retours faits au "thérapeute" ne doivent pas être de simples conseils ("moi, à ta place, j'aurais fait ceci ou pas fait cela..."). Ils doivent au contraire lui permettre d'ouvrir le champ des possibles, et favoriser le partage et l'enrichissement des expériences de chacun. En tant que superviseur, je suis le garant de ce cadre de travail.
Là encore, le secret professionnel est exigé, et les participants au practicum et moi-même nous engageons à ne pas parler de ce qui s'est dit durant la supervision.